Un grand Merci à notre
public pour cette ambiance de folie tout au long de notre spectacle ...Nos prochaines dates sur Montagnat ..Les 20, 21 et 22 Octobre à la salle Favier ...
Compagnie Coup de Théâtre
24 février 2014, 10:37
Dimanche dernier, alors que les premiers rayons d'un printemps timide pointaient le bout de leur nez, j'eu la délicieuse surprise de recevoir une invitation de la part d'un proche a venir me
rendre a Montagnat, petit village coincé entre chef-lieu et autoroute, et ce pour assister a une pièce reprenant les œuvres de Shakespeare intitulée "W.S,ou Quoi
qu'on joue ce soir?". Une pièce dont on m'a prévenu dès lors "Ce n'est pas une pièce SUR Shakespeare, mais une pièce AVEC Shakespeare.".
Intrigué, donc, par cet avertissement aux accents de prologue habilement masqué, je me retrouvais donc dans la salle des fêtes déjà comble a mon arrivée, ayant pris place dans une diagonale, a
coté du radiateur, en bon cancre-vautour prêt a fondre sur la pièce.
Il faut dire que je n'aime pas les théâtre, leurs salles glacées ou chauffées par l'enfer, leurs cancans médiocres et leurs médisances flatulentes ont le don de me faire souhaiter de me trouver
partout sauf a coté de cette petite vieille qui ne savait plus trop pourquoi elle se trouvait la, et cet ami rigolard qui ne pu s’empêcher de se fendre d'une blague vaseuse et (je l’espérais
secrètement) jalouse sur les talents des costumières brodant culottes période XVIIe.
Remettant au placard mon dégoût profond de la cruelle mondanité, je pris mon mal en patience, curieux dans la (re)découverte des œuvres du grand William, et tandis que les lumières déclinaient
pour faire annoncer l'ouverture, je priais secrètement pour que W.S ne soie pas l'homonyme cinématographique de Paul (W.S) Anderson.
Je ne fut pas déçu.
Au prime abord W.S s'introduit comme un drame moderne, relatant les aléas d'une troupe face aux caprices de la conjoncture : Un metteur en scène sanguin et désabusé vient faire répéter ses
acteurs pour une pièce en laquelle il croit vainement. Alors que le souffleur soupire et que le jeune premier se fait expliquer l'intense symbolique des œufs battus et de leur coquille (me
faisant craindre le pire), voila qu'arrive un étrange cortège de personnages se disant en quête d'un auteur. Qui sont ces personnes ? De simples fous-artistes ? Des fantômes dans l’Opéra ?
Oscillant entre fantastique et mise en abîme, dès lors le spectateur n'aura de cesse de voir se profiler la destitution du metteur en scène au profit de ces personnages shakespeariens, plus
vivants que la vie elle même, et au cours d'une instruction magistrale sur l'Etre-Personnage et le Savoir-Acteur, de l'habile tour de passe-passe se concluant par l'humble repentance du tyran
scénique en serviteur du noble art.
Et Shakespeare dans tout ça ? Et bien il est partout, et nulle part a la fois. Et c'est la que la Compagnie Coup de Théâtre réussit une entourloupe magistrale : Alors que défilent sur scène les
acteurs, on sent planer un spectre radieux tout autour des protagonistes, l'entité vaporescente d'un W.S qui se trouve partout, dans ses personnages, dans ses dialogues, dans ses acteurs, dans le
moindre geste et la plus fine parole. Je me suis surpris a imaginer l'auteur a mes cotés, dans les gradins, jugeant de l'oeuvre, si passionné que son talent emplirait la pièce d'une émotion
physique, palpable.
Transportés de McBeth en Othello, de Romeo en Juliette, le spectateur contemple chaque oeuvre venant traduire les anges et les démons propres aux personnages (la reconnaissance pour le souffleur,
les désir pour le metteur en scène, l'accomplissement pour les jeunes acteurs) pour mieux les transformer en quelque chose qui va dépasser leur condition d’être ternes. Le metteur en scène
tremble pour le personnage (Romeo et Juliette), le souffleur devient a son tour le roi (Le roi Lear), et les jeunes acteurs dépassent leur sexe pour prouver que c'est l’interprétation qui les
rends Homme ou Femme et non l'inverse (Songe d'une nuit d'été).
Le final déplaira a certains, reprochant la trop grande fraîcheur d'un "Songe d'une nuit d'été" qui trouve difficilement sa place dans la galerie dramaturgique exposée tout au long de la pièce.
Aussi se trouvera-t-on rafraîchis, avec la nette impression d'avoir escaladé les tréfonds de l'âme humaine pour finir sur une farce d'elfes et de fées qui vient se mettre en décalage (trop) net
avec le reste de la pièce. Peut être est ce une intention aimable de ne pas trop alourdir l'esprit de drame au sortir de la salle, mais pour moi cette soirée pris soudainement des allures de
dîner presque parfait, le dessert étant de trop a mon gout.
Toutefois, le spectacle est beau, intentionnellement minimaliste dans ses décors, laissant le champs libre a ces acteurs a la présence forte, marquée, qui nous livrent un exercice
classico-moderne qui mérite le bravo. On aime ou on déteste, on reconnait la performance, et tandis que chacun quitte la salle pour rentrer chez soi, on se surprends au retour a chercher
Shakespeare dans sa bibliothèque.
Qui a dit mise en abyme ?
Charly Poujol, spectateur conquis